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Dossier spécial: L’après COVID-19 vu par 10 voyageurs québécois 

par The Storytellers MTL

Après plus de 3 semaines de confinement, on a voulu se pencher plus en profondeur sur l’après-COVID. On a donc sondé quelques-uns de nos voyageurs québécois favoris pour connaître l’impact de la situation sur leur vie, leur travail, leurs projets et leurs passions. 

Découvre les points de vue du YouTubeur et vidéaste Benoit Chamberland, des fondatrices de Nomade Magazine, Marie-Pier Leduc et Jessica Gallant, du photographe Lauréan Tardif, de l’instagrammeuse Evelyne Caillé-Guibert, du roi des lacs turquoises Steve Pépin, des digital nomads Andréane et Dom de Laptop Vagabonds et bien évidemment la nôtre dans ce reportage spécial, édition COVID-19!

 

Pauses forcées

Créateurs de contenu, blogueurs, photographes, entrepreneurs numériques, la plupart de nos interviewés peuvent travailler de leur ordinateur de partout et en tout temps. Étant déjà habitués de le faire, le télétravail ne change pas leur quotidien tant que ça. L’étant nous-mêmes, la principale différence est de ne pas pouvoir sortir quand on veut pour changer d’environnement de temps en temps. 

 

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Crédit photo: The Storytellers MTL

 

Toutefois, pour la majorité, les contrats photo sont en pause, tout comme les prochains voyages évidemment. Alors que certains comme Benoit et Lauréan en profitent pour éditer leurs dernières créations, plusieurs travailleurs autonomes ont perdu un grand nombre de mandats ou sont complètement en pause à cause de la crise, comme Steve Pépin, pigiste en publicité. Travaillant au gouvernement, sa conjointe Evelyne, a la chance de pouvoir faire du télétravail sans avoir perdu son emploi. 

 

 

Voyages annulés 

Alors que de notre côté, on avait prévu aller célébrer nos 5 ans d’amour et notre premier anniversaire de mariage en Argentine en mai, au moins rien n’était encore réservé. Même chose pour Steve et Evelyne qui planifiaient un gros voyage en septembre prochain en Angleterre, au Kenya et en Tanzanie, où Steve se préparait à monter le Kilimandjaro. 

D’autres de nos collègues voyageurs, eux, étaient aux premières lignes de la crise. Andréane et Dom de Laptop Vagabonds étaient au coeur d’un long voyage en Thaïlande lorsque la nouvelle concernant le COVID-19 est apparue en janvier dernier. «Les précautions et les pénuries de masques et de désinfectants se faisaient déjà ressentir à ce stade en Asie. Les plans se sont mis à changer, nous avons quand même continué à voyager durant les deux mois suivants, cependant avec un rythme beaucoup plus lent pour limiter les transports et profiter au mieux de chaque instant et de chaque ville et destination.» 

 

 

Quant à Marie-Pier Leduc de Nomade Magazine, elle venait tout juste d’arriver en Asie pour un voyage de 2 mois à travers la Malaisie, les Philippines et l’Indonésie lorsque la pandémie a été annoncée. «Les alertes et mesures du gouvernement se sont alors succédées rapidement et, après 10 jours de voyage seulement, j’ai dû vite revenir au Canada.»

 

Changer le visage du voyage

Alors que la planète nous envoie un signal d’alarme et qu’elle profite de cette pause mondiale pour se refaire une santé, il est certain que cela changera notre façon de voyager dans le futur. On va encore plus réfléchir pour bien choisir nos destinations afin de réduire les risques et notre impact environnemental. On partira probablement à l’étranger moins souvent, mais plus longtemps, en privilégiant le slow travel pour encourager les économies locales. On s’est toujours trouvés chanceux de pouvoir autant explorer la planète, mais il est certain qu’on va encore plus l’apprécier et beaucoup moins le prendre pour acquis lorsque ce sera possible à nouveau.

«Je crois que les personnes à risque seront plus réticentes de voyager à l’étranger. Elles vont maintenant prendre conscience qu’il est important d’avoir une bonne assurance voyage et de connaître la marche à suivre en cas de problème. Les gens seront plus prudents.», nous dit le vidéaste Benoit Chamberland qui a lui-même dû annuler 3 voyages à cause de la crise. 

 

 

Selon Lauréan Tardif, «L’après-COVID va forcer les gens à voyager plus localement au début pour participer à rehausser l’économie locale. Pour ce qui est de l’industrie du voyage à l’international, tout dépendra des prix que les compagnies aériennes afficheront. Soit les prix exploseront pour essayer de rattraper la crise ou bien ils seront bien bas (espérons) pour repartir la machine et encourager les clients à voyager.».

 

 

«Peut-être que certains adopteront de nouvelles habitudes, comme celles de voyager hors saison ou d’opter pour des destinations moins affectées par le tourisme de masse, de voler moins souvent et plutôt se tourner vers d’autres alternatives plus écologiques. De mon côté, je pense me concentrer sur le Québec pour plusieurs mois après la crise pour contribuer à l’économie locale avant de même penser à voyager ailleurs. Lorsque je voyage, j’ai déjà l’habitude d’acheter local et je continuerai à le faire d’autant plus!», nous répond Marie-Pier.

 

Apprécier les bonheurs simples de la vie

Alors qu’on rêve de l’après COVID-19 pour aller faire des roadtrips les fenêtres baissées en chantant à tue-tête nos chansons préférées, on a aussi demandé à nos collègues voyageurs ce qu’ils avaient le plus hâte de faire et de voir lorsque la situation sera rétablie. Alors qu’on attend tous impatiemment le moment où on pourra revoir nos proches et les serrer dans nos bras, plusieurs d’entre eux avaient des réponses qui nous font encore plus rêver à la fin de la pandémie. 

«M’acheter un billet d’avion! Si les frontières internationales sont toujours fermées, j’aimerais partir en van dans l’Ouest canadien. J’aimerais m’y rendre pour aller jouer dehors, faire de la rando, de l’escalade et profiter du grand air.» – Benoit Chamberland

«Sortir et shooter! Le contact client me manque. J’aime éditer le contenu que j’ai, mais il manque l’aspect social à la photo que j’aime beaucoup! Un bon feu de camp avec mes amis, ça aussi ça va être dans les premières choses que je ferai!» – Lauréan Tardif

«J’ai hâte d’aller à cette petite plage cachée près de chez moi avec mes amis et mon amoureux pour tout simplement profiter de la richesse naturelle qui nous entoure et créer de beaux souvenirs à nouveau. J’ai spécialement hâte d’acheter mon prochain billet d’avion en direction de ma belle province pour un été rempli de roadtrips, de séjours en plein air et de moments privilégiés avec les gens que j’aime.» – Jessica Gallant

 

 

«Monter une montagne, un mont, une colline, n’importe quoi. Peut-être Indian Head aux USA, dans l’état de New York.» – Steve Pépin

«Probablement retourner en Asie pour reprendre notre voyage où on l’a laissé, nous évaluerons les possibilités!» – Laptop Vagabonds

«J’ai hâte de découvrir de nouvelles régions du Québec. Si tout va pour le mieux, j’aimerais explorer la grande région de la Baie-James à la fin de l’été. En dehors du Canada, les pays que j’ai le plus hâte de visiter sont les Philippines et le Japon, mais ça attendra!» – Marie-Pier Leduc

 

Positivisme et gratitude

De notre côté, on reste positifs en essayant de respecter notre rythme. C’est le moment de prendre enfin le temps de faire ce qu’on relaie souvent au second rang, de prendre soin de soi, de ralentir et relaxer sans culpabiliser (même si c’est difficile). On voit la situation comme un reset button, autant pour la planète que pour nous. C’est l’occasion de repenser nos habitudes de travail et de consommation pour faire le ménage dans ce qui ne nous convient plus et ce qu’on souhaite améliorer.

Benoit nous confie que, selon lui, c’est un moment dont beaucoup de gens avaient besoin, mais ne le réalisent pas encore. «Pour ma part, ça me pousse à être créatif et trouver des solutions alternatives pour générer des revenus. J’aime les défis et l’imprévu. C’est pourquoi je suis capable de rester positif et je me sers de cette quarantaine pour repartir sur des bases solides.»

Quant à Marie-Pier, elle reste très optimiste et positive! «J’ai le sentiment que le monde ressortira plus fort de cette crise, que la planète nous envoie un message et qu’on doit l’écouter. Il paraît qu’il faut 21 jours pour adopter une nouvelle habitude. On a au minimum un mois devant nous, sans doute plus! C’est un excellent moment pour changer notre vie pour le mieux, travailler sur soi et accomplir toutes ces choses qu’on remet normalement à plus tard.»

Alors que Jessica se promettait de ralentir et de prendre de bonnes habitudes depuis longtemps pour mieux prendre soin de la workaholic qu’elle est, depuis l’arrivée du virus elle est confrontée à un nouveau mode de vie, hors de sa zone de confort. Elle travaille donc à être davantage à l’écoute de son corps et à apprécier les moments pendant lesquels elle n’a absolument rien à faire. 

Pour sa part, Evelyne s’ancre dans la gratitude. «On le sait que ça sera très long, et qu’il y a aura peut-être une deuxième vague, mais on passe agréablement le temps et ce n’est pas trop pénible. Surtout qu’on le sait à quel point on est immensément privilégié. D’avoir un toit. Un bon système de santé. Des sous. De s’avoir nous.»

 

 

La vie après la crise

Plus de gratitude, de douceur et de décisions réfléchies, moins de dépenses inutiles et surtout plus d’intention dans les gestes qu’on porte au quotidien, c’est notre prévision pour l’après-COVID-19.

Andréane et Dom de Laptop Vagabonds espèrent que cette crise aura un effet positif sur le monde et sur les humains et qu’on sera plus sur le collectivisme que l’individualisme. «On espère aussi qu’il y aura des mesures prises par les grandes entreprises et les gouvernements afin de prendre un virage vers une économie plus verte, favorisant la santé de planète. On ne voit pas ni pourquoi ni comment aucune mesure ne pourrait être prise pour la suite des choses. Malgré tout, c’est notre mode de vie de consommation qui a fait en sorte que l’on se retrouve dans la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Si on veut que ça change, il faut faire des changements maintenant, pas demain.».

Selon le YouTubeur Benoit Chamberland, la reprise du voyage international se fera progressivement. «Il y aura probablement une hausse du voyage à l’intérieur du Canada (surtout si notre monnaie continue de chuter).» Économiquement, il croit qu’on vivra plus au jour le jour et qu’on pensera davantage à diversifier nos sources de revenus.

«Je crois que notre vie va tranquillement reprendre son cours, mais que ce sera long et progressif. Durant les premiers mois, beaucoup vivront avec des doutes, des peurs et devront travailler fort pour se relever. Je pense que ce sera important d’y aller petit à petit, de ne pas se mettre trop de pression. Ça risque de prendre un bon moment avant le retour des grands rassemblements, des festivals et des voyages à l’étranger. On devra apprendre à apprécier la vie dans toute sa simplicité, apprécier notre pays!», nous dit Marie-Pier, la rédactrice en chef de Nomade Magazine.

 

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De son côté, Jessica Gallant conclut l’entrevue sur une note positive, mais prudente. «Bien que je crois sincèrement que tout ira pour le mieux, il faut éviter de penser que tout sera de retour à la normale du jour au lendemain, car on va vite être déçus. Beaucoup de personnes seront sans emploi et anxieux de la nouvelle vie qui débutera. L’après-COVID sera un moment important pour faire preuve de générosité envers les gens qui auront besoin de soutien moral.»

On ne pourrait pas être plus d’accord!

Et toi, comment entrevois-tu l’après-COVID-19?

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